dimanche 6 février 2011

Réseaux sociaux, médias et vie réelle

- Je tombe parfois sur des articles et témoignages traitant de la place des réseaux sociaux et d'internet en général dans la vie quotidienne de Mr Toulmond. Je ne dois pas être Mlle Toulmond, parce que je ne me reconnais pas vraiment dans ces descriptions approximatives, tantôt alarmistes, tantôt émerveillées.

Laissez moi vous raconter un dimanche matin typique dans ma petite vie. C'est à dire dans la petite vie d'une donzelle de 20 ans faisant partie de la population active et disposant d'un quotas geek suffisant pour éviter d'être larguée dans ce monde impitoyable.

Je me réveille difficilement avec le soleil : quelques bières sirotées la veille au soir m'ont rendue pâteuse. Je m'extirpe tant bien que mal, ouvre les rideaux pour jeter un oeuil à l'extérieur : il fait beau, et cette information émoustille une bonne partie de mes neurones. En essayant d'éviter de me fracturer une jambe (souvenez vous, j'avais opéré quelques changements dans l'aménagement de ma chambre, la faisant ressemble à une roulotte de tziginer comme on dit chez nous - c.à.d. gitan), je me contorsionne afin d'atteindre le bouton power de mon PC. La bête se met en branle dans un concert de whuuuuu et de couic couic pour finalement annoncer qu'elle est bien réveillée. En attendant, je me suis allumée une cigarette et un peu étirée. Après un petit tour à la salle de bain et l'évaluation des dégâts causés par le rongeur ayant élu domicile chez nous, me voici devant le PC, et la session geekage du matin peut commencer.

Pas de musique directement au réveil. J'ouvre Fifox et étudie ma page d'accueil qui n'est autre que Facebook. Bien évidemment, il ne s'est pas passé grand chose si tôt le matin (11h), du moins rien depuis la dernière fois que j'y ai jeté un coup d'oeuil (à 3h du matin). Le samedi soir, tout le monde ou presque est de sortie et donc relativement loin de son PC. Le dimanche matin, les gens dorment. Et quand les gens dorment, ils ne postent pas sur Facebook. Deuxième étape : Gmail. Je me connecte à ma boîte et réalise que mon schotz (chéri) est debout. Petit coucou, bien dormi ? et toi ? Les petits échanges matinaux avec la personne que l'on aime sont à présent possibles même si la personne ne vous a pas enquiquiné toute la nuit avec ses ronflements / pieds froids. Merci la messagerie instantanée Google (un petit chat très bien ficelé, peut être le meilleur).
En même temps, j'ouvre Google Actualités afin d'enfin savoir si le dictateur tunisien a été guillotiné, si l'Egypte à de nouveau accès à Twitter, si Nicolas Hulot est mieux que Eva Joly et si l'on va arrêter d'emmerder Michèle Alliot-Marie. On apprends aussi aujourd'hui que sucer des bites accroit les chances de cancer de la nuque, que l'Eurovision sera représenté par un jeune chanteur lyrique corse et que nous allons bientôt être autant à court d'adresses IP que de pétrole. Fuck !

Comme la politique, le cancer et l'Eurovision ne m'intéressent que moyennement (c'est à dire que je m'en fiche tant que ces menaces restent loin de moi), je passe à l'étude de mon Google Reader. Je visionne enfin la fameuse pub Volkswagen avec le mini Darth Vador et en suis alors très satisfaite. Il faut bien se tenir informé des derniers buzz afin d'entretenir les conversations IRL. Oui, car ce que l'on visionne ou lit sur internet est partagé également dans la real life ; Au delà de se tenir au courant, il faut se forger une opinion et pouvoir en discuter.

Une fois fait, un petit tour vers les sites rigolos histoire de dénicher l'idiotie qui me mettra de bonne humeur et chassera définitivement le spectre du cancer et de l'Eurovision. Pas de chance, il est encore trop tôt. La vanne du jour attendra. Petite discussion avec une collègue : Elle a prit froid et je prends donc de ses nouvelles de la même manière que je l'aurais fait en la croisant au retour de la boulangerie. Car nous sommes de retour dans la real life : la meilleure boulangerie de Strasbourg est à deux pas de chez moi et la demi-heure de queue pour avoir sa baguette parait raisonnable lorsque l'on imagine le somptueux petit déjeuné qui nous attends à la maison. Je songe vaguement à liker la boulangerie en question sur Facebook, acte social aussi important qu'une demande en mariage pour moi.
De retour devant le PC, un article sur la jeunesse facebookienne m'arrache un sourire et m'aiguillonne vers la rédaction de cet article.

Facebook, au delà de sa capacité à me permettre de discuter de tout et de rien avec mes proches sans dépenser des sommes folles en SMS et communications téléphoniques, est une manière de relayer les médias et la culture de façon personnalisée. L'on y poste des articles intéressants, on s'indigne de tout ce qui ne tourne pas rond, on partage le dernier DJ / groupe / chanteur qui nous a tapé dans l'oeuil à grand renfort de vidéo Youtube ou de liens vers Myspace, on invite nos amis à s'intéresser au dernier artiste dont le travail nous a plut, ... On partage, on découvre, on communique, d'une manière qu'il était difficile d'imaginer il y a seulement quelques années.

Pour n'en citer qu'un seul, Facebook a sut, grâce à un outil inédit, créer un besoin viscéral massif. Ce n'est pas une mode passagère, mais l'incarnation d'un monde interconnecté. D'autres se pencheront sur ce marché avec peut être plus de succès que le fameux réseau social.

L'inquiétude est bien sûr grande pour tout ceux qui ne sont pas nés dedans et n'ont pas ressentit le besoin de prendre part à la communauté internet globale. Des politiques aux mères de familles en passant par les réactionnaires de tout poil, tous s'inquiètent de ce nouveau modèle plus libre, plus compliqué et certainement plus dangereux de communication. L'enjeu majeur est l'éducation des prochaines générations. Ma génération et les précédentes ont apprit sur le tas alors qu'internet était encore un beau ramassis de tout et n'importe quoi. Depuis, la politique, les entreprises et tout un tas de personnes mal intentionnés se sont emparés du web,  valorisant la moindre information sur un électeur ou un client potentiel. Il faut enseigner aux jeunes les astuces d'une bonne communication en partant d'un principe simple : ne divulguer sur internet, quelque soit la plateforme, que les informations que l'on est en mesure d'assumer. Il est totalement possible de clamer sur tous les toits que l'on se drogue, que l'on couche avec la femme de son patron, que l'on planifie un attentat : La seule question à se poser est "Est-ce que je suis prêt à affronter les conséquences de la divulgation de ces informations ?". Aucun endroit n'est sûr sur le web : votre mère peut à tout moment vous passer un savon pour avoir tiré sur un malheureux pétard, votre patron peut vous foutre son poing dans la figure pour avoir bafoué l'honneur de sa chère et tendre, Interpol peut toquer à votre porte avec le GIGN au grand complet, car tout le monde peut avoir accès aux informations que vous choisissez de partager, même les plus "sécurisée", avec un minimum de volonté.

Apprendre à protéger ses informations, réfléchir et anticiper les conséquences et surtout assumer ce que l'on dit sont les clés d'une bonne communication internet. Et ce n'est pas si compliqué pour un homo sapiens sapiens, espèce a priori évoluée.

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